Ils ont été tués un mercredi matin, alors que leur mère venait les chercher chez leur père à 18 heures. Le 3 février, Faustine Bollaert recevait sur France 2 dans "Ça commence aujourd'hui" une femme, Patricia, qui a réussi à transformer la douleur de la perte de ses enfants, Lucie et Sylvain.
Son ex-mari a tué ses deux enfants.
Son drame s'est produit au début des années 1990. A l'époque, elle regrettait une vie de couple pas assez épanouie et racontait comment, à 30 ans, elle avait décidé de quitter son mari Jacky parce qu'il ne participait pas assez à la vie du couple. L'homme a très mal réagi à la nouvelle et l'a menacée de ne plus voir ses enfants (5 et 7 ans). Ce qu'elle n'a pas cru dans un premier temps.
Pendant trois mois, le chantage a continué, son ex lui répétant sans cesse : "Si tu veux revoir les enfants, viens vivre chez moi". Patricia a alors pris la décision de le revoir avec un travailleur social, et il a accepté étonnamment trop vite... La veille de la rencontre, Jacky achète une arme et des munitions pour commettre l'irréparable.
Arrivée devant la maison, Patricia se souvient : "J'ai sonné, j'ai frappé, j'ai appelé, personne n'a répondu". Ce n'est que le lendemain que la terrible nouvelle tombe... En pénétrant dans la maison avec l'aide d'un serrurier, elle raconte : "Je ne comprenais pas ce qui se passait autour de moi, quelqu'un appelait, appelait les pompiers, et les médecins, la police. Et je n'ai pas essayé de monter, mais quelqu'un a mis ses bras autour de moi et m'a tenue très fermement, je ne pouvais pas pleurer, pas crier, j'étais un peu hors de mon corps, j'étais là sans être là, dans un traumatisme total".
La certitude qui lui a sauvé la vie
A l'étage, les enfants sont morts, ainsi que leur père. Patricia est transportée à l'hôpital et comprend rapidement que sa vie ne sera certes plus jamais la même. Pourtant, elle continuera. Elle sait qu'elle vivra, dit-elle, et qu'elle aura d'autres enfants (Thibaut et Angélique, née de sa prochaine relation avec Eric). "Cette certitude m'a sauvé la vie", explique Patricia.
S'ensuit l'enterrement de la famille. Son père lui demande : "Qu'est-ce que tu fais avec les corps des enfants ?", "Et le corps de Jacky ?", et Patricia décide d'enterrer Lucie et Sylvain "avec leur père et non avec leur meurtrier". "Je savais que si je ne pardonnais pas, je ne pourrais jamais trouver le calme, la paix et la sérénité auxquels j'aspirais (...) Car en pardonnant, on se donne la possibilité d'aimer à nouveau", dit-elle.
Face à une Faustine Bollaert médusée, elle finit par avouer que sans l'amour de ses proches et leur présence, elle n'aurait jamais surmonté sa douleur.