Pas de politiquement correct. Michel Sardou l'a toujours défendu. Car si l'artiste français, qui soufflera 75 bougies le mercredi 26 janvier, est toujours très apprécié de ses fans et des citoyens du pays, il n'en reste pas moins un provocateur à travers ses discours et surtout ses textes. Certes, l'interprète de "La Maladie d'Amour" nous a offert des titres cultes qui ont eu un énorme succès et qui ont traversé le temps et les générations. Pour preuve, "Les Lacs du Connemara", chanté par les jeunes et les moins jeunes lors de soirées en discothèque, de mariages ou même de baptêmes. Un morceau qui perdurera sans aucun doute et sera repris par des générations qui ne sont même pas encore de ce monde.
Mais Michel Sardou a aussi fait et fait encore parler de lui pour des sujets moins glorieux. Au cours de sa carrière, l'artiste a souvent "abusé" dans ses textes, selon certains, s'attirant les foudres de certaines associations et même du gouvernement français. La peine de mort, les colonies, le racisme... Vous abordez dans ses différents albums de nombreux thèmes qui ne font pas toujours l'unanimité. Pour preuve, "Le temps des colonies", sorti en 1976, titre dans lequel Michel Sardou se présente comme l'ancien colon d'une époque qu'il juge dorée. Bien qu'il se défende en mettant en avant la caricature de ses propos, certains textes ne passent pas, notamment celui-ci : "Avant, à Colomb-Béchar, j'avais beaucoup de domestiques noirs et quatre filles dans mon lit / Au temps béni des colonies"... Un texte qui a fait réagir les comités anti-Sardou.
Comment ne pas évoquer "Ils ont le pétrole mais c'est tout" ? Cette chanson sortie en 1979 qui, si l'on prend le contexte actuel et les nombreux problèmes de racisme dans le monde, provoquerait un tollé si elle était diffusée de nos jours à la radio ou à la télévision. Pourtant, lorsque Michel Sardou l'a écrite, l'artiste n'a pas revendiqué un engagement politique que l'on pourrait qualifier d'extrémiste. En réalité, ce texte vise à "apaiser les inquiétudes d'une France déstabilisée par le deuxième choc pétrolier, qui remet en cause son modèle de société de consommation où les ressources seraient infinies", nuancent nos confrères de L'Histgeobox. Mais bien sûr, en ne prenant que le titre de la chanson, beaucoup pourraient estimer que l'artiste rabaisse le peuple arabe en laissant entendre qu'à part le pétrole, nous n'avons rien à leur envier...
Un autre cas et un autre problème est celui de "Je suis pour". Une chanson qui fait la promotion de la peine de mort et qui a suscité un énorme débat en 1976, d'autant plus que l'affaire Patrick Henry, dans laquelle un homme était accusé d'avoir enlevé et tué un enfant de sept ans, battait son plein à l'époque... Michel Sardou a écrit de nombreuses chansons qui ont fait parler d'elles, mais un seul article ne suffirait pas à les énumérer toutes. Cependant, "Le Bac G", dans lequel il critique ouvertement le système scolaire et les filières technologiques, provoquant un clash avec Lionel Jospin, alors ministre de l'Education nationale, ou "Être une femme", dans lequel l'artiste décrit les femmes des années 80 comme "dépressives et simples objets sexuels", peuvent également être rangés dans la case "polémiques"...
Les polémiques peuvent nuire à l'image d'un artiste. Mais elles sont aussi déterminantes pour son succès. Même si certains textes ont fait débat, nous ne pouvons nier l'immense talent de Michel Sardou qui, nous l'espérons, nous fera encore vibrer avec de nombreuses autres chansons.
<p